Une monographie de Saizerais en 1888 [M. Boulangé]
Le territoire.
En 1888, Monsieur Boulangé, instituteur à Saizerais, écrivit une monographie de quelques pages sur Saizerais. Ce document conservé aux archives municipales de Nancy, constitue un document très intéressant, véritable instantané de notre village en cette fin de XIX ème siècle. Plutôt que de reproduire le document, in extenso, le choix a été fait de n’en transcrire ici que les passages les plus intéressants :L’instituteur commence sa monographie en donnant un certain nombre de données chiffrées, très précises (au mètre carré près !), sur le territoire communal :
« …La superficie comprend 1109,6308 hectares de terres labourables, 2,4286 de prairies naturelles, 1,8381 hectares de terrains plantés (vignes, etc.), 293,1920 hectares de bois, 1,3488 hectares de landes, 3,6773 de propriétés bâties et 28,6313 hectares de grandes routes, chemins, soit un total de 1444,7469 hectares. »
Ensuite, l’instituteur devait être un peu géologue également car c’est une étude très précise du sol qu’il nous donne :
« …Il [le sol] est composé en majeure partie de terre à sol argilo-siliceux (terres rouges, terres de Haie, formation tertaire des minerais de fer en grains, remaniés par le diluvium) et de terres à sol argilo-siliceux avec excés de sable et un peu de carbonate de chaux (terres blanches, formation tertaire des minerais de fer en grains avec mélange de marne oxfordienne) à sous sol imperméable. »
Vient ensuite une liste des noms des lieux dits avec pour certains quelques informations sur la toponymie :
« …Le Vau des Coulons : On prétend qu’autrefois une troupe de colons (coulons) serait venu s’établir dans cette contrée, mais que ne trouvant pas la terre convenable pour la culture, ils l’auraient abandonnée, de là cette dénomination.
…La fosse du Tonnerre : il se trouve à la fosse du tonnerre une source voûtée qui servait autrefois aux métayers de la cense St Pôl. Cette source a t’elle jailli d’un trou fait par le tonnerre, c’est ce que l’on ne peut assurer…
…Le pâquis des Brûlés : autrefois ce canton était couvert de bois qui ont été brulés, de là le nom qui luia été donné »
M. Boulangé nous livre ensuite quelques informations sur la météorologie du lieu :
« Aucun fait particulier n’est à signaler; il est cependant à remarquer que Saizerais ne reçoit ordinairement que l’extrémité des orages, car d’un côté la Moselle et la forêt de Haye, de l’autre les collines de l’Argonne et de l’Ardenne, les font dévier à l’est et à l’ouest, aussi, il est assez rare que les récoltes soient grêlées. »
Les habitants.
La suite est constitué par une statistique de la population sous forme de tableau qui, pour une meilleure lecture, a été transformé ici en graphique :
Monsieur Boulangé nous commente ces chiffres en nous expliquant que l’épidémie de cholera de 1854 a tué à Saizerais une centaine de personnes, c’était il y a seulement 150 ans… On apprend également que « ..aujourd’hui [en 1888] la population a tendance à diminuer parceque les familles sont moins nombreuses qu’autrefois ».
Dans cette monographie de notre village figure également un paragraphe intitulé « Constitution physique, us et coutumes » à l’intérieur duquel on apprend que « les habitants sont de taille moyenne, on ne rencontre guère chez eux de ces difformités ou infirmités fréquentes dans les pays accidentés », un bon point pour les saizerillons de l’époque en somme ! Vient ensuite des informations sur leurs activités : « un certain nombre sont bucherons, d’autres travaillent aux mines de Marbache ou aux forges de Pompey et le reste s’adonne à la culture ».
Dans le paragraphe suivant c’est toute la fibre de l’instituteur de campagne qui ressort :
« Les parents ne comprennent pas encore tous les bienfaits de l’instruction, ils ont le grand tort d’employer aux travaux des champs, des enfants beaucoup trop jeunes ou de les retenir à la maison pour des futilités (sic !), aussi le nombre des absences est il très considérable et suit une proportion croissante depuis quelques années » et pour nous en convaincre l’instituteur nous dresse un tableau du nombre d’absences par élève, année par année qui montre effectivement un taux d’absentéisme de plus de 60 jours par élève pour l’année 1887 ce qui semble effectivement considérable. M. Boulangé termine par cette phrase accusatrice : « …cela tient au peu de rigueur qu’a montré la commission scolaire ». On sent là une certaine amertune chez notre instituteur…
Le paragraphe suivant concerne l’état des terres. On y apprend que les habitants se livrent surtout à la culture des pommes de terre, » ..ce qui pour eux [les habitants de Saizerais] est une source de richesse par suite de l’écoulement facile qu’ils en trouvent à Nancy ». On y apprend aussi que » les engrais ne sont autres que les engrais naturels « … les temps ont bien changé !
Il y a peu de prairies naturelles (seulement 3 ha), » …le terrain ne s’y prêtant pas « . Par contre 200 ha sont occupés par de la luzerne, du sainfoin ou du trèfle. » Le territoire est très morcelé, mais malgré cela la récolte des céréales suffit au-delà de la nourriture des habitants « .
Vient ensuite un paragraphe sur la chasse. On y apprend que à coté des » 5 ou 6 personnes seulement qui prennent un permis « , « d’autres préfèrent le braconage « . Monsieur l’instituteur dresse ensuite la liste des animaux qui sont chassés : » lièvre, sanglier, chevreuil, blaireau, chat-sauvage « , jusque là rien de surprenant mais la suite l’est plus : » cerf, loup « .
Eh oui, il y avait encore des loups dans les bois de Saizerais à cette époque pas si lointaine !
Continuer la lecture vers « Adrien Toussaint, du Tour de France à la Résistance [Anne Scharff] ».